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Les Télévoyages d’Amélie - La culture Pamiri

Les Télévoyages d'Amélie : La culture Pamiri

Article écrit par Amélie Latour

Les Pamiris sont un peuple iranique vivant principalement à l'est du Tadjikistan. Ils vivent plus exactement dans la région que l'on appelle le Gorno-Badakshan, région autonome du Tadjikistan.

Drapeau utilisé par le peuple Pamiri pour se représenter

Position du Tadjikistan

Position du Gorno-Badakshan au sein du Tadjikistan

Les Pamiris ne parlent pas qu'une seule langue, mais un ensemble de langues non mutuellement compréhensibles. On peut citer le Shughni, une langue utilisée par les Pamiris pour communiquer entre eux et qui est aussi la plus parlée en tant que langue maternelle (elle est également de manière globale la langue la plus parlée puisqu'elle sert pour communiquer entre les Pamiris qui ont des langues maternelles différentes, d'ailleurs Pamiri se dit Pomerien en langue Shughni).

Les Pamiris peuvent aussi être trouvés en Afghanistan (région du Badakhshan où ils sont environ 60 000), au Pakistan (région du Gilgit-Balistan et Chitral où ils étaient 74 605 en 2018), en Chine (dans la région autonome du Tadjik Tashkurgan où ils sont 50 265), et ils étaient environ 200 000 au Tadjikistan en 2013.

Région du Badakhshan en Afghanistan

Région du Gilgit-Balistan au sein du Cachemire (région disputée entre le Pakistan et l'Inde, la région du Gilgit-Balistan est actuellement administrée par le Pakistan)

Région de Chitral au sein du Pakistan

Position de la région autonome du Tadjik Tashkurgan au sein de la Chine (ici du Xinjiang)

Les Pamiris sont un mélange des anciennes populations de la région comme les Sakas, les Tokhariens (dont vous pouvez retrouver l'article les concernant avec ce lien)

Armure Saka trouvée au Kazakhastan

Représentation d'un cavalier Saka

Reconstitution d'un Saka

Représentations de nobles Tokhariens

Il faut ajouter à ce nombre des populations pré-indoeuropéennes (des personnes qui parlaient des langues non indo-européennes). Tous ces peuples formeront la base du peuple Pamiri.

Du 7ème au 2ème siècle avant JC, les montagnes Pamir (la région où vivent majoritairement les Pamiris) sont peuplées de différentes tribus saka.

Montagnes du Pamir

Les différentes tribus sont alors les Sakā Tigraxauda (les Sakas au bonnet phrygien), Saka Haumavarga (les Sakas qui vénèrent Hauma (une plante divine et sacrée dans le zoroastrisme)) et les Sakas Tvaiy Para Sugdam (les Sakas qui vivent au-dessus de la Sogdiane (une ancienne région de l'empire achéménide (l'empire qu'Alexandre le Grand a conquis))).

D'ailleurs il y a une légende qui fait que les Pamiris se disent descendants des armées d'Alexandre le Grand lorsqu'il a conquis l'empire achéménide lors de son arrivée au 4ème siècle avant JC.

Mosaïque d'Alexandre le Grand provenant de Pompéi

Après les guerres entre les officiers d'Alexandre le Grand qui ont suivi sa mort, l'ouest des montagnes de Pamir revient au royaume Gréco-Bactrien, mais le reste redevient libre.

Carte du royaume Gréco-Bactrien autour de 170 avant JC

Les Pamirs deviennent ainsi un avant poste important pour le royaume, le défendant contre les populations nomades de l'est au cours du 3ème siècle avant JC et combattent l'empire Kushan au cours du premier siècle avant JC.

Carte de l'empire Kushan au 2ème siècle avant JC

De cette période, on peut retrouver quelques anciennes forteresses,

Zamr-i Atisht Parasht (ce qui veut dire la forteresse des adorateurs du feu (les Zoroastriens, rappelant qu'à cette époque les Pamiris étaient Zoroastriens))

Pièce de cette époque symbolisant le triomphe de Bacchus

Pendentif de cette époque

Ces forteresses ont aussi une grande importance, car la région se trouve sur le chemin de la soie et représente donc un intérêt commercial.

Après le 5ème siècle, les montagnes de Pamir seront un lieu de protection face aux invasions turciques et arabes (et cela continuera plus tard avec les invasions mongoles). De ce fait les Pamiris vont garder ainsi leur foi zoroastrienne. Durant cette période, les États Pamiris de Wakhan, Shughnan se forment.

Au 11ème siècle, le poète, philosophe, missionnaire et théologien persan Nasir Khusraw arrive dans les montagnes pour y fuir les persécutions des musulmans sunnites (la branche principale de l'islam) en allant à Shughnan. En effet, il pratique une forme différente de l'islam, étant Ismaélien.

Timbre au Tadjikistan en 2003, représentant Nasir Khusraw

C'est sa venue qui marque la conversion des Pamiris vers l'islam ismaélien, et depuis ce jour Nasir est vénérée par les Pamiris. L'une des principales raisons supposées de ces conversions est la plus grande tolérance envers les autres religions permises par l'ismaélisme.

Quand Marco Polo passa en 1274 dans l'État de Wakhan, il écrivit que les habitants de la région étaient musulmans.

Au 12ème siècle, la dynastie ghoride (un État iranique tadjike) conquit le territoire des Pamiris, le Badakhshan.

Carte de l'empire Ghoride

Malgré cela, le pays Pamiri continua d'être dirigé par des dirigeants locaux et ainsi le Badakhshan garda une indépendance de facto face aux grands empires qui contrôlent la région.

En 1895, le Badakshan fut divisé entre l'Afghanistan sous influence anglaise et l'émirat de Boukhara qui était un protectorat russe.

En 1925, les Soviétiques créèrent l'oblast autonome du Gorno-Badakshan. Durant cette période, l'alphabétisation des Pamiris prit de ampleur avec un taux d'alphabétisation passant de 2% en 1913 à 100% en 1984.

Dans les années 1930, les intellectuels pamiris développèrent un alphabet pour la langue Shughni (la plus parlée des langues Pamiris) basé sur l'alphabet latin.

L'alphabet proposé

En 1931, le poète Pamiri Nadir Shambezoda publia son recueil de poèmes en Shughni.

Durant la période de la Grande Purge en URSS (la période des procès de Staline), il y eut une grande répression envers Nadir Shambezoda et ses œuvres furent détruites. Les Soviétiques détruisirent la littérature pamir, transformant les langues pamirs en une langue orale seulement pendant des dizaines d'années.

Les Soviétiques notèrent les Pamiris comme des Tadjiks des montagnes en 1926 dans leurs statistiques mais les considérèrent comme un peuple distinct des Tadjiks et cela encore en 1937 et 1939. En 1959, 1970 et 1979, les Pamiris furent comptés comme étant des Tadjiks.

Dans les années 80, les intellectuels pamiris promouvèrent les langues Pamiris et l'écriture d'ouvrages en langues pamiriennes. Il y avait des revendications pour former une république de Badakhshan pour les Pamiris au sein de l'URSS.

En 1972, la Bibliothèque nationale du Tadjikistan, chargée de protéger la culture du Tadjikistan, mit en place une politique de destruction des ouvrages en langue Pamiri.

En 1991, lors de l'indépendance du Tadjikistan, le Gorno-Badakshan resta une partie du Tadjikistan indépendant.

Je m'arrêterai ici pour l'histoire des Pamiris.

Passons à la culture Pamiri :

Comme nous l'avons évoqué, les Pamiris sont ismaéliens et sont de ce fait très éloignés des autres musulmans, ils considèrent que les femmes et les hommes sont égaux et ne donnent aucune loi sur la question du voile. Ils ne permettent pas à un homme d'épouser plusieurs femmes. Les Pamiris prient dans des sanctuaires proches de ce que font les Zoroastriens.

Sanctuaires Pamiris

Tenues traditionnelles Pamiris

Architecture Pamiri

Jeune fille Pamiri dansant

Instruments traditionnels Pamiris

Musiciens et Musiciennes Pamiris

Artisanat Pamir

Chaussettes et gants Pamiris fait avec des motifs traditionnels

Vieux bijoux Pamirs

Ainsi se conclut cet épisode, en espérant qu'il vous aura plu !